Gilets jaunes : des voies à inventer !
De toute la France jusqu’à la France profonde une clameur est montée. « Clameur de la terre et clameur des pauvres ». Elle ne vient pas de cerveaux échauffés, mais elle monte des entrailles où depuis longtemps grouillaient des insatisfactions en des borborygmes informes. Et puis vinrent des éléments déclencheurs qui mirent des hommes, des femmes dans la rue et aux carrefours et là se nouèrent des rencontres de personnes de toute condition. Bonheur de se parler, de se reconnaitre dans la clameur et des aspirations qui, petit à petit, allaient se précisant au fil des semaines. Le brouhaha fit progressivement place au silence et à l’écoute de l’autre, aux projets de société, au sens du Bien Commun » et des « Communs ». Que veulent les gilets jaunes ? ils veulent une démocratie respectueuse des plus pauvres et de toute personne humaine, ils veulent moins de disparités sociales, plus de justice.. Les consciences sont en marche, le peuple veut être écouté, il veut être partenaire. Les institutions sont ébranlées, les corps intermédiaires sont bousculés, voir déconsidérés ! Moment de déconstruction assurément sous le ras de marée, mais c’est cependant un heureux moment, un moment favorable pour qu’un peuple se réapproprie, de manière responsable, les vertus d’une démocratie où chacun puisse vivre libre et respecté dans sa dignité.
Il reste du chemin pour inventer une démocratie participative, avec des corps intermédiaires animés d’une grande proximité et d’un esprit de service, avec des hommes et femmes politiques crédibles qui sortent de leur bulle de pouvoir pour être au contact des réalité sociales et particulièrement de ceux qui souffrent..
Cet évènement « Gilets Jaunes » illustre les théories de Bauman sur la « société liquide » ou « modernité liquide » Bauman (célèbre philosophe et sociologue polonais) met en lumière la profonde instabilité de nos sociétés contemporaines, donne à comprendre les comportements individuels dans un environnement régi par les lois de l’incessante mobilité, de l’instantanéité, du consumérisme, des disparités sociales ; mais il propose aussi des pistes de réflexion pour réinjecter, dans cet espace qu’il juge en voie de liquéfaction avancée, un peu d’humanité. Les Gilets jaune ont donc à explorer avec Bauman, qui s’est éteint en 2017, les voies d’une société plus humaine et plus juste.
Gilles Gracineau