Anawim
Quand spiritualité rime avec ruralité. Des « consacrées » en territoire aveyronnais.
Aujourd’hui dans les grandes mutations sociales liées aux remises en question du modèle économique épuisant, la ruralité prend des couleurs. Elle suscite un intérêt croissant. Elle touche les consciences urbaines en quête de lien à la terre et au « vivant ». Des relations vitales entre l’urbain et le rural s’imposent et prennent de la consistance. Le milieu rural devient gisement d’un « art de vivre » qui parle au monde urbain.
Des femmes, religieuses de leur état et de culture urbaine, n’ont pas manqué le rendez-vous avec leur temps. Elles ont été conduites par les évènements à élever des chèvres et à fabriquer des fromages. Cela se passe sur les coteaux de Falgayroles surplombant le fleuve Aveyron, non loin de Villefranche de Rouergue.
Belle motivation de ces femmes, mais qui ne rend pas compte de leur désir initial profond : celui de vivre en communauté fraternelle au plus près de la vie de Jésus au village de Nazareth. Elles voulaient une présence simple, livrée à l’action de l’Esprit Saint , vécue dans une sobriété évangélique. Leur communauté prenait alors le nom d’Anawim. Un vieux nom de la bible pour signifier les « pauvres » de cœur, ceux et celles qui cherchent la disponibilité intérieure pour donner hospitalité à l’Autre et aux autres.
A leur arrivée on les prit pour des Baba cool, éleveuses de chèvres ! Mais ces urbaines surent prendre conseil, se laisser guider et former aux lois de la terre et du « vivant ». Elles finirent par faire corps avec la nature. En investissant des fonds personnels, elles rénovaient la vieille ferme, bâtissaient un bâtiment d’élevage aux normes européennes et une fromagerie. Plus encore, elles obtenaient des distinctions et nombreux prix pour la qualité de leurs productions attirant ainsi la reconnaissance du milieu paysan.
Aujourd’hui loin d’être dans les nuages, elles sont paysannes à part entière, à l’abri de quolibets, pour laisser libre cours au mystère qui les habite, celui d’une vie spirituelle trempée dans la prière. Dans leur petite chapelle elles confient à Dieu certaines détresses et joies qui leur sont confiées.
En cela, par leur souci des pauvres et de la croissance de chacun dans son élan vers Dieu, elles apportent un « supplément d’âme » à l’écologie « convenue . Leur style de vie devient langage, boussole et petite lumière pour notre temps en quête de sens à l’existence humaine. Située à ce point d’attente, leur vie respire une densité de présence qui porte à croire en la vie. En cela, comme leurs ainées dans la vie religieuse, elles contribuent, selon leur grâce, au développement de tout l’homme, comme le dit le pape François dans Laudato Si.
Que donnent-elles à voir ? Elles donnent à voir ce quelle ont reçu : la grâce de la Foi au Christ Ressuscité, de la Foi en la vie, en la Vie Eternelle. Loin de vivre cette Foi comme un baume, elles tentent de la vivre comme un don dans la Charité et l’Espérance. C’est, en elle, comme une empreinte venant marquer tout leur être : que ce soit lorsqu’elles sont en train de prendre soin des animaux, de prier, de réaliser un icône en hiver, de faire du fromage ou d’accueillir une personne en soif de silence et de recueillement.
Magnifique expérience en phase avec les aspirations de notre temps !
Toi qui cherches à communier à la ruralité, toi qui cherches ton chemin, fais le détour par ces coteaux où vivent deux Consacrées pour que l’Evangile parle au cœur : Sœur Marie et Sœur Bénédicte. Au sein de l’Eglise elles sont signe pour des temps nouveaux en train d’advenir.
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Gilles Gracineau