Décroissance et règle du nécessaire
Lorsqu’on est en Carême, des rumeurs intérieures peuvent monter à notre conscience : qu’en est-il de mon rapport à l’argent, au développement, à l’envahissement des techniques dans ma vie ? Ces jours-ci un ami m’interpellait faisant l’apologie d’une nécessaire « décroissance ». Assurément les richesses de la planète ne sont pas inépuisables et les pays dit « développés » contribuent largement au pillage des pays pauvres et au ralentissement de la justice sociale dans les pays émergeants. Globalement, nous vivons au-dessus de nos moyens, c’est sûr. La transition écologique pour préserver « les Communs » de notre planète est nécessaire, tels que l’eau, la terre, l’environnement, les ressources alimentaires, les ressources fossiles. Est-ce judicieux de parler de « décroissance » ? Parler de « décroissance » est-ce mobilisateur d’énergie ? Pas sûr ! C’est pourquoi il nous faut aller vers une dynamique nouvelle, celle qui impliquerait, pour certains, un effet d’allègement. La « règle du nécessaire pour vivre » me parait plus mobilisatrice de la liberté humaine, de l’élan créateur et des énergies créatrices qui habitent l’âme humaine. Cette « règle du nécessaire » conduirait certains à une décroissance au sens d’un ajustement au « nécessaire pour vivre » et pour d’autres à une heureuse croissance vers le « nécessaire ».
La règle du nécessaire est ajustée à la nouveauté pascale. En effet le mouvement pascal est celui d’un « passage à vivre » dans le sens du « nécessaire pour vivre » dans la situation humaine et sociale où chacun se trouve. Les premières communautés chrétiennes, nées de la foi pascale au Ressuscité, n’avaient-elles pas le souci de répartir les richesses de la communauté « selon les besoins de chacun » ? Par-là, elles nous rappellent que la justesse des vies n’est pas de l’ordre de l’égalité en ressources, mais de l’ordre de la diversité de biens nécessaires, selon les besoins de chacun. En effet c’est en dignité humaine que, hommes et femmes, sont égaux, quels que soient leur situation sociale ou leur état de vie.
Gilles Gracineau