Rencontre de la Samaïn. Impressions
Une très belle rencontre, d’une semaine, s’est déroulée, lors de la Toussaint des chrétiens, dans les salles paroissiales St Psalmet à Eymoutiers. Durant une semaine 70 personnes se sont rassemblées, la plupart entre 25 et 40 ans autour de la mort à « réenchanter ». Le mot est étrange quand la mort est implacable . Toutefois Saint François en avait parlé en louant Dieu pour « notre sœur la mort ».
Ce qui m’a marqué c’est le ton de la rencontre. Des mots me viennent spontanément : accueil, bienveillance, échanges, douceur, respect de l’histoire de chacun. Que ce soit en petit groupe ou en assemblée générale. Bravo aux animateurs et animatrices pour avoir servi une telle tonalité ! Merci à eux d’avoir pris soin, avec respect, des voisins de la salle qui auraient pu être surpris. Quelle belle humanité permettant a chacun, avec ses croyances ou non croyances, de trouver un art de vivre ensemble, porteur de sens, habité de paix et de joie !
« L’autel des morts » s’inspirant de rituels mexicains pouvait paraitre surprenant. Mais ce fut pour certains un lieu de silence pour évoquer des visages disparus qui les ont touchés, accompagnés. Un lieu pour faire mémoire.
Un atelier tel que l’invitation à « faire travailler les morts » avait beaucoup d’intérêt. « Faire travailler les morts » c’était faire résonner leur message, aujourd’hui, dans les temps que nous vivons. Soit qu’ils sont porteurs d’humanisation et c’est heureux et formateur pour notre conscience, soit qu’ils sont porteurs de défigurations de la personne humaine, messages alors dont il faut être vigilant et contre lesquels il faut se mobiliser.
Lors de l’évaluation de la rencontre, j’ai entendu avec bonheur « J’ai pu, disait une jeune femme rayonnante – en faisant un beau geste sur son corps – descendre en moi ».
Pour moi, j’ai mieux compris combien notre monde a besoin, et particulièrement les jeunes générations, de « rituels » qui impliquent le corps car les mots ne suffisent plus. La personne dans sa corporéité, son appartenance à la terre, au cosmos, a besoin d’un langage symbolique pour se comprendre, pour se dire, et approcher du mystère de la vie.
Cette rencontre fut un bonheur pour les participants qui repartaient enrichis d’échanges tant dans les lieux d’animation que lors des repas, et enrichis de silence intérieur.
Tout cela me fait penser à un beau texte de Zundel
« Le silence est essentiel. Il ne s’agit pas seulement de l’absence de bruit, mais d’un environnement calme et paisible qui permette d’aller à l’intérieur de soi, à la découverte de sa propre identité et à la rencontre de la Présence d’amour de Dieu. Le silence vrai est le contraire de la distraction. Il permet d’éviter ce que Blaise Pascal appelle le «divertissement», c’est-à-dire le fait de se détourner de soi-même et de Dieu par la multiplication des activités extériorisantes. Le silence permet de se centrer, de s’unifier. Il permet d’extraire la joie et la paix à partir de l’écume des jours. »
Gilles Gracineau